"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE VIII.

est inconnu parmi nous, et qui n’existe encore que dans la bouche des rhapsodes et dans les quelques manuscrits infiniment rares? Le recueil que nous annonçons n’est pas, comme on pourrait le croire d’après le titre, un choix de poésies illyriques ; l’éditeur n’a pu communiquer au public que ce qu’il possédait, c’est-à-dire une trentaine de morceaux ; mais ce recueil n’en est pas moins fort précieux et fort remarquable L » Puis le critique cita la ballade des Pobratimi « en attendant qu’on puisse mieux faire connaître l’ouvrage entier ». Il est étonnant qu’il ne s’aperçut pas d’une note, dans laquelle l’éditeur du recueil supposait que cette chansontavait fourni à l’auteur du Théâtre de Clara Gazul l’idée de l’Amour africain 2 . Il est très probable que cette notice a été écrite par quelqu’un qui fréquentait Nodier, car on y trouve la même erreur au sujet de \ Osmanide qu’avait commise l’aimable bibliothécaire dans son article du Télégraphe illyrien 3 . Comme nous le disions ailleurs, ce fut sans doute à l’Arsenal que V. Hugo dévoila la supercherie, et cela peu après le 29 septembre 1827, car la « suite » promise par l’enthousiaste critique du Globe né parut jamais 4. Néanmoins, le livre de Mérimée continuait à mystifier la presse, et même la plus respectable. Le Journal des Savans, dans son numéro de septembre 1827, assura que les pièces de la Gusla « sont des ballades populaires, empreintes d’anciennes croyances superstitieuses et dans lesquelles se rencontrent aussi des traits ingénieux ou poétiques 5 ». Dix-sept mois plus tard, le

1 Le Globe, tome V, p. 410. 2 Voir ci-dessus, p. 293. 3 La Nouvelle Revue du 16 juin 1908, p. 449. 4 Cf. ci-dessus, p. 225. 6 Journal des Savans, 1827, p. 569.