"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE VIII.

Benko. Moins que rien. Un poète, Ayant pour tout trésor sa guzla de sapin, Prince, et qui vous demande un asile et du pain. Bazilide. Tu nous diras, ce soir, tes nouveaux airs. Tu sais, ces chants roumains, ces légendes valaques Qui font peur. Mauvais œil, sorcières, brucolaquesh.. De même, très vraisemblablement c’est en songeant à Mérimée que Victorien Sardou a fait figurer dans sa pièce SjLÎritisme un certain Stoudza, « Serbe subtil et irrésistible », sorte d’enchanteur qui n’est pas sans avoir bien des points communs avec ceux de la Guzla" 1 . Ainsi, on ne saurait trop le redire, c’est par ce que le recueil de Mérimée contenait de plus faux qu’il a paru le plus exact. i 5 LA POÉSIE SERBE EN FRANCE APRÈS 0 LA GUZLA » Quelques écrivains mieux renseignés que ne l’étaient Gérard de Nerval, Théophile Gautier ou François Coppée par exemple, savaient parfaitement combien la Guzla différait de la poésie serbe authentique. Dès 1856, E. de Laboulaye écrivait : « La Guzla est un joli pastiche, une aimable débauche d'imagination ; mais les Serbes de M. Mérimée ne sont pas tout à fait ceux de Vouk Stéphanovitch 3 . »

1 F. Coppée, Pour la Couronne, acte I, scène 2. 2 Théâtre de la Renaissance, 1897. 3 E. de Laboulaye, L’Allemagne et les pays slaves, p. 130. L’auteur de la Guzla lui-même ne dédaigna pas de faire plus ample con-