"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE IX.

papier de bibliophile, qui garde toujours, quatre-vingts ans après la publication, sa blancheur de neige. Plus tard, il écrivit quelques scènes de théâtre que des amateurs jouèrent dans des salons bourgeois ; satisfait de ses succès littéraires, il s’adonna à la peinture et à la sculpture, étudia les sciences naturelles, collectionna des fossiles, composa des dissertations sur quelques questions d’économie politique. Avant de mourir, en 1858, le brave vieil homme commença à prendre des leçons de solfège 1 . Tel était» M. Gerhard, conseiller et docteur quelque part en Allemagne », dont parle l'auteur de la Guzla dans sa seconde préface; le « juge compétent » que citent tous les biographes de Mérimée, —Taine l’appelle « savant allemand 2 », l’expression de l’illustre critique qu’est M. George Saintsbury 3 ! En réalité, M. Gerhard ne fut jamais ni un docteur, ni une « autorité » ; les dictionnaires biographiques de sa patrie sont pleins d’ingratitude pour une vie aussi laborieuse ; ils ne croient même pas devoir mentionner son nom. Ce fut M. Gerhard qui donna la version allemande de la Guzla. Pendant l’impression même du livre, les bonnes feuilles lui avaient été communiquées par son nouvel ami M. Berger 4 , et M. Gerhard lui écrivait en les lui renvoyant à son hôtel (22 mai 1827) : « Les feuilles intitulées Za Guzla ont beaucoup d’intérêt pour moi. Mon

1 M. ôurfiin, Das serbische Volkslied, pp. 163-186. W. von Biedermann, Goethe und Leipzig, t. 11, pp. 294-326. - Introduction des Lettres à une Inconnue, t. I, p. xxm. 3 Encyclopœdia Britannica, t. XVI, p. 37. 1 W. Gerhard, Gedichte, t. 111, p. xn.—Maurice Tourneux, Prosper Mérimée, comédienne espagnole et chanteur illyrien, p. 9.