"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

« LA GUZLA » EN ALLEMAGNE.

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Serbe qui part demain pour la Serbie regrette de ne pouvoir faire votre connaissance. J’ai grande envie de traduire les chansons en vers allemands. Les rythmes serbes me sont connus 1 . » « Le Serbe » dont il parle était le poète Sima Miloutinovitch, qui traduisait pour lui les piesmas en prose allemande. car cet homme qui était une « authorité » en fait de littérature serbe, ne croyait même pas devoir connaître cette langue. .Dès 1826. il préparait ainsi son recueil de poésies populaires serbes traduites en vers allemands avec le secours du pauvre diable de Miloutinovitch auquel il payait galamment « en thé et en cigares» le temps perdu et les services rendus 2 . Son livre devait paraître dans le courant de l’été 1827 3 , mais il ne parut pas avant décembre, car, les feuilles de la Guzla une fois reçues, M. Gerhard serait à traduire les ballades de Mérimée, afin de « compléter » son recueil. Le 5 juillet 1827, il écrivait, en français, à l’éditeur de la collection strasbourgeoise la lettre que voici : Monsieur, j’ai eu l’honneur de faire la connaissance de M. Berger à la foire de Pâques. Il m’a communiqué quelques feuilles des chansons morlaques que vous fûtes sur le point de publier sous le titre : Za. Gouzla (sic) parce qu’il avait appris par Goethe que je viens de traduire une collection des chansons semblables de Serbie. Il m’a encouragé de traduire encore ceux que vous publiez et de dire quelques mots sur votre ouvrage dans les feuilles publiques et d'écrire à Goethe qu’il en parle dans son journal : Kunst und Allerthum dans lequel il vient de dire bien des choses flatteuses sur les miennes. J'ai fini la traduction des pièces contenues dans les feuilles communiquées qui vont jusqu’au commencement de l’histoire de Maxime et Zoé [pp. 1-108], et je vous prie, Monsieur, de m’envoyer au plus tôt possible par la voie de la diligence le reste des feuilles qui composent le

1 M. Tourneux, op. cil., loc. ait. - Djordjé S. Djordjévitch, Sima Miloutinovitch-Saraïliya, Belgrade, 1893 (en serbe). 3 W. Gerhard, Gedichte, t. 111, préface.