"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE IX.

trastes les plus frappants et qui fait que les deux amis enfoncent leurs poignards dans la poitrine de la jeune fille turque qu’ils aiment tous deux, afin de ne pas se brouiller à cause d’elle. « (...diese Gesinnung, in der sich das Enlgegengesetzte vereint, in welcher etwa Bundesbrüder ihren Dolch zugleich in den Leib der Türkin senken, die beide lieben, uni sich nicht ihrerhalb zu entzweien h..) L’allusion à la ballade de Mérimée est assez claire. Un officier prussien, Otto von Pirch, qui avait en 1829 visité la Serbie et qui publia l’année suivante une relation de ce voyage 2 , est également parmi ceux qui se laissèrent prendre à Za Guzla. Bien qu’il ignorât complètement la langue serbe, il crut avoir assez de compétence pour juger les différentes traductions étrangères des piesmas, et n’hésita pas à proclamer la meilleure, celle de M. Gerhard 3 . Ce qu’il loua le plus chez lui, c'étaient les nombreuses notes si judicieuses qui accompagnaient la Wila; or, ces notes sont, on le sait, presque toutes empruntées à Mérimée. Quatorze ans plus tard, un jeune poète de la Bohème allemande, qui se révélera un jour l’un des meilleurs connaisseurs de la vie sud-slave, Siegfried Kapper, prit au sérieux la traduction de Gerhard et s’en inspira. Le futur auteur de Lazar, der Serbencar, publia, en 1844, sous le titre des Slavische Melodien, un recueil d'imitations des chants et des contes populaires slaves ; dans deux de ces poèmes l’on sont très nettement l'influence des ballades illyriques de Mérimée :

’ L. Ranke, op. cil., pp. 38-39. 2 Otto von Pirch, Reise in Serbien im SpâtherbsUB29, Berlin, 1830, 2 vol. in-B°. 3 Tome 11, p. 159.