"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE IX.

Weimar, apporte des présents pour Salvandy et Mérimée, probablement cette « médaille assez mauvaise » dont parle Gustave Planche 1 . Ala même époque, Goethe conseille à son ami Zelter de lire le Théâtre de Clara Gazuft. Deux mois plus tard, il reçoit très cordialement Ampère et A. Stapfer, qui lui donnent mainte information sur les derniers événements littéraires. « Le 4 mai, rapporte Eckermann, grand dîner chez Goethe en l’honneur d’Ampère et de son ami Stapfer. La conversation a été vive, gaie, variée. Ampère a beaucoup parlé à Goethe de Mérimée, d’Alfred de Vigny et d’autres talents remarquables 3 . » Quelques années plus tard, lorsque David d’Angers envoya à Goethe sa collection de médaillons, le bon Eckermann désirait surtout voir Mérimée. « La tète nous parut, dit-il, aussi énergique et aussi hardie que son talent, et Goethe y trouva quelque chose d’humoristique 4 . » On le sait, ce fut Goethe qui, à propos de la Guzla, dévoila la supercherie. Au mois de mars 1828, il publia dans sa revue Art et Antiquité la notice suivante : La Guzla, ou choix de poésies illyriques. Ouvrage qui frappe, dès le premier coup d’œil, et qui, si on l’examine d’un peu plus près, soulève une question mystérieuse. C'est depuis peu seulement que les Français ont étudié avec goût et ardeur les différents genres poétiques de l’étranger, en leur accordant quelques droits dans l’empire du beau. C’est également depuis peu qu’ils se sont sentis portés à se servir, pour leurs œuvres, des formes étrangères. Aujourd'hui, nous assistons à la plus étrange nouveauté : ils prennent le masque des nations étrangères, et dans des œuvres

1 Gustave Planche, Portraits littéraires, 1.1, pp. 207-208. - Correspondance, le 2 mars 1827. 3 Conversations de Goethe, t. I, p. 359. 4 Idem, le 7 mars 1830. Nous reproduisons ce portrait en tête de notre livre.