"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

« LA GUZLA » EN ANGLETERRE.

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diriger une maison florissante, sans jamais abandonner le métier de ses pères. Malheureusement, les affaires n’allèrent pas comme il l’avait espéré, et un beau jour il dut renoncer au commerce. Il se tourna alors vers la politique et la littérature et, bientôt, son esprit d'entreprise et sa rare ténacité lui valurent d’estimables succès. Dès sa jeunesse, il avait parcouru, comme courtier, l’Europe entière. Il s’attacha à l’étude des langues vivantes et apprit en quelques années, dit-on, le français, l’italien, l’allemand, l’espagnol, le portugais et le hollandais. En 1819, il passa plusieurs mois à Pétersbourg, fit de nombreuses connaissances dans le monde scientifique et littéraire russe et publia, en 1820, une Anthologie, russe. Il donna un second recueil en 1823 ; en 1824, il publia sa traduction des romances espagnoles et bataves ; trois ans plus tard, des poésies serbes et polonaises; en 1830, des chants magyars; en 1832, des chants tchèques. Quant à la politique, il s’y fit remarquer dès 1822. Arrêté à Calais, porteur de dépêches au ministre portugais annonçant le projet du gouvernement des Bourbons d’envahir la péninsule hispanique, il fut mis en prison. Canning le fit relâcher, mais déjà compromis dans le complot pour délivrer les sergents de La Rochelle, il fut expulsé du territoire français. Il s’en vengea par un pamphlet : Détails sur l''emprisonnement et la mise en liberté d’un' Anglais par le gouvernement des Bourbons (Londres, 1823). En 1830, il rédigea, au nom des citoyens de Londres, une adresse félicitant le peuple français d’avoir expulsé les Bourbons ; aussi fut-il le premier Anglais reçu par Louis-Philippe après qu’il eût été reconnu par la Grande-Bretagne. Élève et ami du publiciste Jérémie Bentham, dont il exposa les principes dans la Revue de Westminster, il devint son exécuteur