"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

« LA GUZLA » EN ANGLETERRE.

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Oï snachitzé, routnéna roujitzé ! [Belle-sœur, rose vermeille !] par : - Brudersweibchen, susses schônes Tilubchen ! Bowring traduisit littéralement : Brothers wife ! thou sweet and lovely dovelet 1 ! Croyant que M lle von Jakob ne comprenait pas l’anglais, il voulut lui adresser un exemplaire de son livre, mais lorsqu’il eut appris qu’elle le savait aussi bien que sa langue maternelle, il attendit que les critiques eussent dit leur mot au sujet de la Servian Popular Poetry et n’envoya le livre qu’une année plus tard 2 . Il ne fut pas peu surpris de lire un jour la vérité dans l’ouvrage bien connu de M Ue Jakob : HistoricalVièw of the Slavic Languages and Literature (New-York, 1850). M. Bowring était un amateur d’autographes et, comme la plupart des Anglais, entretenait une correspondance énorme. Il accablait de ses lettres tous les grands hommes du jour. « Les injures anonymes et signées pieuvent de tous côtés, écrivait Lamennais, dans une lettre à une de ses amies, au lendemain de la publication de l’ Essai sur l’indifférence. Il m’en vient jusque d’Angleterre. Un nommé Bourring prend la liberté de m’adresser un petit pamphlet où, d’un bout à l’autre, il me représente comme une espèce de monstre, moitié âne et moitié tigre ; ce qui ne l’empêche pas, chose plaisante, de finir son billet d’envoi en assurant qu’il respecte comme il doit respecter les talents, le zèle et le

1 Lettre de M lle von Jakob à Kopitar, du 2 février 1828, publiée par Miklosich, op. cil., pp. 70-72. 2 Idem. — Elle le qualifie dans cette lettre d’un « dandy littéraire ».