"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

« LA GUZLA » EN ANGLETERRE.

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lui un médaillon qu’on peut voir aujourd’hui au Musée du Louvre. Il est probable que Mérimée l’avait rencontré quelque part après la lettre dont nous avons parlé (1827) et la nouvelle édition de la Guzla (1842). Ses amis Sutton Sharpe et Edward Ellice le connaissaient 1 . Lui-même, plus tard, en 1860, dans une lettre à Panizzi, parle de sir John Bowring comme d’un homme qu’il connaît personnellement 2 . Ce qu'il y a de plus amusant dans cette histoire, c’est que,le4 septembre 1828, Bowring écrivait à Celakovsky pour tourner en dérision Gerhard qui avait traduit la Guzla en allemand : « Vous savez peut-être qu’une collection apocryphe a étépubliéeà Paris, sous le nom de la Gusla (sic) ; M. Gerhard en a publié à Leipzig une traduction complète comme si elle était authentique 3 . » Sans doute, Bowring était un honnête homme, mais il s’exagérait son importance et ne se rendait pas assez compte combien toutes ces petites manœuvres étaient ridicules. Son biographe nous assure gravement que sir John préparait une œuvre monumentale qui devait être publiée sous sa direction, une Histoire universelle de la poésie populaire (sic) ; il devait avoir pour collaborateurs : M lle von Jakob, Fauriel, Mickiewicz, etc. 4 Or, M lle von Jakob se moquait de lui, l’appelait « dandy qui voulait être universel » et jugeait sévèrement son ignorance 5 . Nous ne savons ce que Fauriel pensait de lui,

1 Autobiographical Recolleclions of sir John Bowring, Londres, 1877. 2 Lettres à Panizzi, le 11 novembre 1860. 3 Robert Beer, Korrespondence Johna Bowringa do Ceeh, Prague, 1904, p. 17. 4 Dictionary of National Biography, t. VI, p. 79. 5 Miklosich, op. oit., p. 70. 31