"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

conclusion.

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teur allemand « qui avait découvert le mètre de l'original serbe sous sa prose », ou pour dire que le « savant anglais » M. Bowring s’y était laissé prendre, ou pour plaisanter enfin sur ce naïf Pouchkine qui traduisit en russe quelques historiettes de la Guzla. Or, nous l’avons vu, le respectable docteur allemand était tout simplement un riche marchand de toiles: le savant anglais ignorait le serbe, et Pouchkine était sans compétence pourjuger en pareille matière. Ce ne fut que plus tard, en 1840, lorsqu’il avait depuis longtemps rompu avec le romantisme, lorsqu’il songeait à l’Académie 1 , que Mérimée donna son recueil comme un modèle de supercherie littéraire. A l’origine, nous croyons l’avoir suffisamment montré, il n’y avait pas mis beaucoup plus de mystification que Montesquieu n’en avait mis aux Lettres persanes et qu’il ne s’en trouve dans les Voyages de Gulliver. Assurément la Guzla ne compte pas au nombre des chefs-d’œuvre de Mérimée; loin de là, elle est peutêtre l’un de ses plus faibles ouvrages. Et pourtant on y devine l’auteur de Carmen et Colomba : peu d’invention, mais un art merveilleux à choisir le détail et à le mettre en valeur ; un style sec et sobre, une brutalité voulue, un récit court et rapide qui ne dit que ce qu’il faut dire : à tout cela on reconnaît la marque de Mérimée. Stendhal disait : « Quant à la gloire, un ouvrage est un billet à la loterie. Écrivons donc beaucoup. » Si la Guzla estun billet de loterie qui n’a jamais gagné, elle est néanmoins un billet qui vaut bien quelque chose encore aujourd’hui ; en effet, quelques-unes de ses ballades ne le cèdent pas aux ballades littéraires les plus

1 Augustin Filon, op. çit., loc. oit.