"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CONCLUSION.

vain s’est perfectionné, et parce qu’aussi en lui, et pour plusieurs raisons, la veine lyrique s’est tarie tout à fait. Dans un âge plus avancé, il est devenu plus difficile, il ne se laisse plus aussi volontiers aller aux caprices de la fantaisie: il se documente ; il se préoccupe davantage de la vérité. Des inclinations qui semblaient tout d’abord vouloir l’entraîner aux œuvres de pure imagination, ont changé d’orientation et le portent vers un réalisme d’archéologue. Mais parce qu’il a pu le mieux, doit-on condamner ce qu’il a fait de bien? Malgré le jugement qu’il en a lui-même porté, nous dirons bien plutôt de la Guzla ce que Sainte-Beuve a cru devoir dire du Théâtre de Clara Gazul: « Lorsque Mérimée publia sa Clara Gazul, il ne connaissait l’Espagne que par les livres, et il ne la visita que plusieurs années après. Il lui est arrivé de dire, je crois, que s’il l’avait connue dès lors, il n’aurait pas fait son premier ouvrage. Eh bien ! tout le monde et lui-même y auraient perdu L » Ajoutons que ce dédain que Mérimée professa pour ces « sottises d’autrefois » ne va pas sans un peu d’aigreur; nombreux étaient ceux qui s’étaient couverts de gloire sur le chemin qu’il avait déserté. Aussi nous croyons que cette étude détruira quelques légendes que, maître en mystifications, Mérimée a si ingénieusement créées au sujet de son livre. Aujourd’hui, l’histoire de la Guzla intéresse plus que les poèmes qu’elle contient; on la connaît surtout par les anecdotes qui s’y rapportent; quand on parle du Mérimée des premières années, c’est pour raconter l’histoire du doc-

1 Sainte-Beuve, Lettre-Préface à l'Élude sur l’influence anglogermanique en France au À'tl'" siècle, par William Reymond, Berlin, 1864.