"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

LES ILLYRIENS AVANT « LA GUZLA ».

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l'exemplaire de Nodier, ne mourut qu'en 1823 1 ; il n'est guère probable que la bibliothèque de ce grand seigneur, homme d’État, ait été dispersée avant sa mort. Mais si Mérimée ignorait les Morlaques el si Charles Nodier ne les a connus que longtemps après Jean Sbogar et Smarra, M me de Staël, bien avant eux, avait lu l’ouvrage de la comtesse de Rosenberg et en avait parlé sans que personne s’en fût jamais douté 2 . i 5 M me DE STAEL ET LA poÉSIE « MORLAQUE » Après avoir parcouru toute l’ltalie dans leur promenade poétique, Corinne et lord Nelvil arrivent à Venise. Ils montent au campanile de Saint-Marc et contemplent la « Reine de l’Adriatique » dans toute sa splendeur. Ils regardent, ensuite, vers les rives lointaines de l’lstrie

1 Sylvester Douglas, baron Glenbervie (1743-1823). Cf. Dictionary of National BiographyA. XV, p. 348. 2 Un « ballet historique », la Vente des esclaves, fut dansé à Berlin pendant le carnaval de 1802 à une fête donnée par l’ambassadeur de Portugal, M. de Gorrea, fête mémorable a laquelle assistaient le roi et la reine de Prusse. La pièce ne fut jamais imprimée, mais on voit d’après l’extrait qu’en a publié le baron Ernouf (Bulletin du Bibliophile, 1868, pp. 385-390) qu’un Morlaque y jouait un rôle important.Le Magazine encyclopédique enregistrait, au mois d’août 1806, un nouveau ballet des Morlaques qui venait d’être donné au Théâtre de la Ville devienne et qui n’avait point réussi. Un opéra intitulé les Morlaques, en deux actes, musique du baron de Lannoy, texte italien de Rossi, fut représenté en 1817 à Graz. L’illustre savant autrichien Miklosich, qui ne connaissait l’ouvrage de 'Mérimée que de nom, et pas du tout celui de Nodier, se trompa singulièrement en prétendant que cet opéra fut le dernier écho du Viaggio inDalmazia. (Cf. Ueber Goethe’s Klaggesang, pp. 38 et 49.)