"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

« LA GUZLA » EN FRANCE.

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Nous ne savons pas quelle réponse donna l'éditeur strasbourgeois, mais il en donna une, car, au dos de la lettre de Lingay, il inscrivit : Répondu le 11 avril 1833. Nous sommes tenté de croire que cette réponse fut défavorable : trois mois plus tard, les morceaux de la Revue de Paris, dont parlait l’ami de Mérimée, reparurent seuls, sous le titre de Mosaïque. Ainsi l’idée d’une nouvelle édition de la Guzla échoua, du moins pour l’instant. Parmi ces pièces se trouvent, en effet, trois « ballades illyriennes » : le Fusil enchanté, le Ban de Croatie et l'Heyduque mourant 1 . D’autres poèmes du même genre reposaient, paraît-il, dans les tiroirs de Mérimée. Vers 1832, il écrivait à M Ue Dacquin : « Rassurez-vous pour vos lettres. Tout ce qui se trouve d’écrit dans ma chambre sera brûlé après ma mort; mais pour vous faire enrager je vous laisserai par testament une suite manuscrite de la Guzla qui vous a tant fait rire 2. » « La suite » dont il est question resta inédite et périt, sans nul doute, dans l’incendie de 1871. La deuxième édition de la Guzla, qui parut quelques années après cette lettre, ne contient que deux ballades inédites : la Jeune fille en enfer et Milosch Kobilitch. La première (que M. Lucien Pinvert atout récemment publiée comme un fragment inédit bien qu’elle eût été réimprimée treize fois) 3 était une traduction du grec moderne, tandis que la seconde était une ballade authentique serbo-croate : il est donc fort improbable que Mérimée ait désigné par le nom de « suite manuscrite » ces deux morceaux qui n’étaient pas de lui.

1 Revue de Paris, octobre-décembre 1829. - Lettres à une Inconnue, 1.1, p. 26. 3 Bulletin du Bibliophile, 1908, pp. 227-228. Sur Mérimée, Paris, H. Leclerc, 1908.