"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

« LA GUZLA » EN FRANGE.

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d’avoir à le dire, c’est la plus mauvaise de toutes. Sans compter les nombreuses fautes d’impression, une nouvelle disposition typographique, des plus arbitraires, a fait changer la place des Notes de Mérimée. Comme dans les Chants grecs de Fauriel, ces notes étaient données en appendices, après chacun des poèmes. Dans l’édition de 1885, on les a mises au bas des pages. De même, on découpa en mille morceaux les stances régulières du texte primitif; au lieu de la belle ordonnance de strophes qui succèdent les unes aux autres, au lieu d’alinéas pleins et serrés d’à peu près égale longueur, c’est un texte haché et déchiqueté qu’on présenta au public, au mépris des intentions de l’auteur. Tout le mouvement que Mérimée avait su mettre dans l’agencement de ses phrases disparaît de la sorte ; l’effet est plus dramatique peut-être, mais plus grossier et moins lyrique. D’après les renseignements qu’ont bien voulu nous donner MM. Calmann-Lévy, il ne semble pas que nous ayons bientôt une nouvelle édition de la Guzla, si ce n’est peut-être une édition de luxe, imprimée à un très petitnombre d’exemplaires d’un prix très élevé, livre que seuls pourront se procurer des bibliophiles privilégiés. En 1920, les Œuvres de Mérimée tomberont dans le domaine public; il est probable que la Guzla aura alors plus d’une réimpression. Aussi nous espérons que ses futurs éditeurs sauront bien se garder du texte donné en 1885 par les typographes des Imprimeries Réunies, 8., de Bourloton L

1 M. Matié fut la première victime de leur fantaisie. Dans un des appendices de son étude, il a reproduit la Triste ballade en entier, se servant de ce texte haché de 1885.