"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE VIII.

g 4 « LA GUZLA » A I’oPÉBA-COMIQUE Mérimée n’a pas eu de succès au théâtre. Les drames de Clara Gazul ne virent jamais la scène, un seu excepté, le Carrosse, qui fut sifflé à la Comédie-Française en 1852. En revanche, ses saynètes espagnoles, ses admirables contes surtout, ont inspiré plus d’un écrivain dramatique de talent. Quelques-unes des pièces dont il est en quelque sorte le père spirituel, ont eu depuis un succès universel. Il suffit de nommer le Pré-aux-Clercs, Carmen; les Huguenots, la Périchole. La Guzla n’échappa pas aux librettistes : elle servit de « source » aux Monténégrins, drame lyrique en trois actes, paroles d’Alboize et Gérard de Nerval, musique de M. Limnander, représenté pour la première fois à l’Opéra-Comique le 31 mars 1849. Elle ne fut, à vrai dire,ni l’unique, ni la plus importante inspiration de ce livret; l’intrigue en particulier n’a rien de commun avec l’ouvrage de Mérimée. Néanmoins, nous trouvons dans la « couleur locale » des Monténégrins plus d’une trace de la Guzla, et c’est là une raison suffisante pour que cette pièce nous intéresse. Hector Berlioz a consacré aux Monténégrins un feuilleton des Débats, plein de sa verve habituelle (4 avril ■1849). En vrai romantique qu’il était, il fît une peinture aussi brillante qu’inexacte de ce farouche pays. « L’action a lieu, dit-il, dans ces terribles montagnes des bords de l’Adriatique, où les hommes passent pour être sombres et durs comme les rochers qu’ils habitent, marchent tou-