"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE PREMIER.

gagné la France; épouvantables histoires qui, transmises par les Allemands, amplifiées par les éditeurs de brochures à sensation, firent alors le tour du monde. Nous reviendrons dans une autre partie de cet ouvrage sur ce petit événement, dont les conséquences littéraires vont se répercuter jusqu’à la Guzla. f 3 LES VOYAGES DE FORTIS L’abbé Albert Fortis *, membre de plusieurs académies italiennes et étrangères, que l’on nomme aujourd’hui encore « il primo naturaliste d’ltalia et uno dei primi d’Europa », publia à Venise, en -1771, son Saggio d’Osservazioni sopra l'isola di C/ierso ed Osero (pp. 169, in-4°). Ce livre était le fruit d’une excursion scientifique faite au mois de mai -1770, en compagnie de John Symonds, professeur d’histoire moderne à l’Université de Cambridge, aux côtes et aux îles dalmates 2 . A la fin de son savant ouvrage, après avoir apporté quantité de documents nouveaux, concernant l’archéologie et l’histoire naturelle, l’abbé Fortis publia une

1 Né à Vicence en 1740, mort à Bologne le 21 octobre 1803. Cf. l'article. de G. Vedova dans la Biografia degli Ilaliani illustri del secolo XVIIi de Tipaldo, t. 11, p. 237 et suiv. —A. Pypine, Poésie populaire ■ serbe (en russe), dans le Viestnik Evropy, décembre 1876, p, 718 eti. suiv. Archivfilr slavische Philologie, t. XXX, pp. 586-590. - Les biographes de Fortis désignent simplement comme « un certain Anglais, nommé Symonds », ce scholar accompli, successeur du poète Thomas Gray à la grande Université anglaise. Nous croyons que c’est ici, pour la première fois, que l’on identifie la personnalité de ce distingué compagnon de Fortis. Sur John Symonds lire Pictionary of National Biography, t. LV, p. 271, et Allibone’s Pictionary of British and American Authors, art. « Symonds (John) ».