La patrie Serbe

milieu de ce cauchemar, les adversaires s'étreignaient dans l'épaisse atmosphère, à peine traversée par une lumière si faible que les baïonnettes ne ressemblaient plus à des rayons d'argent; les grenades n’y éclataient qu avec une mate coloration. ’avance allemande se dessinaif quand même derrière les chutes d'obus, hachant les Serbes et nivelant leurs tranchées. Les Bulgares commencèrent alors à faireun bon travail et montrèrent aux alliés à quel point ils méritaient leur condescendance. De Zaïetchar à Pirot, l’armée du Timok s'incrusait en un mur capable de rester indéfiniment planté dans la terre serbe, mais les alliés avaitménagé aux Bulgares des brèches leur laissant la latitude de tourner les ailes du général Goikovitéh. On nous apprend en effet (1) qu'avant l'ouverture: des hostilités, les alliés avaient exigé des Serbes l'évacuation de certaines positions, pour être de cette façon convaincus que les Bulgares ne seraient pas inquiélés !...

La trouée fut Kniajevats. La forteresse de Zaietchar dut être abandonnée. Les Bulgares filtrèrent entre les positions de l'Est comme les Allemands s’insinuèrent au Nord, Les douloureuses pérégrinations débutèrent et l'agonie morale desgrands chefs, de ceux qui savaient », atteignit son paroxysme. Chaque jour, chaque heure, causait une inquiétude. Elles étaient si précieuses, ces minutes qui devaientamenerle secours et n'apporlaient qu'une recrudescence de tourments! Chaque instant perdu, c'était un peu du sang de la Serbie qui s'écour lait: Tandis que le Roi, le Prince, les généraux, les ministres haletaient d'angoisse, les thuriféraires alliés encensaient le sourire du bon Roi Constantin, et quelques infortunés soldats françaisou anglais, dénués d’artil-

1, Marianovitch : Illustration du 13! janvier 4946.

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