La patrie Serbe
i
256. LA PATRIE SERBE
cristallin, se répandaient de gais carillons. Qu'étaient devenues les mères, les épouses, les sœurs, les fiancées ? Tout était fini. La race serbe disparaissait chaque jour davantage, anéantie par les bombes des avions. par la faim, par la misère.
Et le monde moderne, quin'avait plus d'âme, laissait
S’atcomplir cette infamie.
Un simple exposé aride fera aussi nettement comprendre la réalité que des volumes de littérature.
En arrivant à Scutani les fugitils ne trouvèrent rien. On leur avait promis un paradis, la déception fut illimitée. On leur avait juré de les embarquer pour la terre du repos et de la liberté;ils attendirent trois, quatre, cinq semaines. Un jour, üs étaient un peu ravitaillés, ensuite, pendant deux, trois jours, ils ne toucherent aucune provision. [s étaient sans abri sous la pluie de décembre, Après un stage indéfini on leur annonça qu'ils devaient partir pour Durazzo. Des marais étendaient des lagunes d'eaux stagnantes et de boue liquide. Pour les traverser les hommes firent des chemins arliliciels avec des branchages et des bois ; cela retarda la marche pesante accomplie sous les averses perpétuelles. IL fallut franchir le Mati à gué, l'eau montait jusqu'à la ceinture ; les soldats congestionnés sai faissaient dans le fleuve ou succombaient ensuite, tués par ce bain gelé. Enfin Durazzo parut; le terme espéré du voyage approchait. Entre autres assurances il élail compris qu'on y toucherait 20.0N0 paires de chaussures. Il n'y en avait point, eton se mettait sous les pieds des morceaux de peaux découpés sur les bœuis morts. À Durazzo on n'embarqua que les malades. Les personnes valides apprirent qu'à Vallona seulement, les navires les prendraient. Les marais goulus s’allongeaient interminables, j
agé