La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

RAPPORT DE GALLOIS ET GENSONNÉ 191

pitaux qu'elles desservaient à se passer de leurs secours.

Pour déterminer votre opinion sur la conduite de ces ardents missionnaires et sur la morale religieuse qu'ils professent, il suffira, Messieurs, de vous présenter un abrégé sommaire des maximes contenues dans différents manuscrits saisis chez eux par les gardes nationales d'Angers et de Cholet.

Ces manuscrits, rédigés en forme d'instruction pour le peuple des campagnes, établissent en thèse qu’on ne peut s'adresser aux prêtres constitutionnels, qualifiés d’intrus, pour l’administration des sacrements ; que tous ceux qui y participent, même par leur seule présence, sont coupables de péché mortel, et qu'il n’y a que l'ignorance et le défaut d'esprit qui puisse les excuser ; que ceux qui auront l’audace de se faire marier par les intrus ne seront pas mariés, et qu'ils attireront la malédiction divine sur eux et sur leurs enfants. ; que leurs enfants seront vraiments bâtards, parce que Dieu n’aura point ratifié leur union..; qu'il ne faut point s'adresser aux nouveaux curés pour les enterrements, et que si l'ancien curé ne peut pas les faire sans exposer sa vie et sa liberté, il faut que les parents ou amis du défunt les fassent eux-mêmes secrètement...

Enfin on y exhorte tous les fidèles à n'avoir aucune communication avec l’intrus, on y déclare que les officiers municipaux qui l’installeront seront apostats comme lui, et qu'à l’instant même les sacristains, chantres et sonneurs de cloches doivent abdiquer leurs emplois.

Cette division de prêtres assermentés etnonassermentés a établi une véritable scission dans le peuple de leurs paroisses ; les familles y sont divisées, on a vu et l’on voit chaque jour des femmes se séparer