La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

A PROPOS -DES FRAIS DU CULTE 213

ALEXANDRE COURTOIS (député montagnard), s’est étonné de ce que le projet de décret dont il s’agit fût présenté uniquement par le Comité des Finances, et surtout avant l’époque du développement des principes constitutifs dans le nombre desquels ceux relatifs au culte seront compris. Il a prétendu que le projet Cambon, qui tend à rayer l’existence des prêtres salariés, et qu’il regarde comme un luxe de parcimonie, était indigne d’une grande nation.

CHABOT (ex-capucin et député montagnard), défend le projet du Comité, en disant qu'il faut l’adopter ou déchirer la déclaration des droits de l’homme ; il prétend que la nation ne doit point salarier les prêtres catholiques.

BASIRE. — Chabot vient d’énoncer une grande erreur, en disant que la nation ne doit point salarier les prêtres catholiques. Pour être convaincu du contraire, il faut se reporter à l’époque où l’Assemblée Constituante sempara des biens du clergé. Or elle assura une pension aux prêtres catholiques ; ce n'est point comme ministres de tel culte qu'ils jouissent de ce traitement; mais c’est comme pensionnaires de l'Etat.

CHABOT. — Une religion que tous les citoyens salarient est attentatoire à la liberté du peuple, car un article des droits de l’homme dit : « Nul ne pourra être inquiété pour ses opinions pas même religieuses ». Or, une religion que je suis obligé de salarier est contraire à cet article de la déclaration des droits de l’homme : car c’est être inquiété pour ses opinions religieuses que d’être obligé de contribuer aux frais d’un culte. Il est temps que la nation française s'élève à la hauteur qui lui convient. Appre-

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nons au peuple à se passer de prêtres, et bientôt il