La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

À PROPOS DES FRAIS DU CULTE 219

tisme avaient précipité dans les monastères. Vous avez rendu la liberté à ces malheureuses victimes et vous voudriez aujourd'hui leur faire regretter les chaînes que vous avez brisées ? Car ces infortunés ne pourraient-ils pas s’écrier : + Pourquoi nous avoir rendu la liberté, pour nous en enlever tous les charmes et nous sacrifier aux combinaisons sanguinaires de l’agiotage ? Vous avez feint d'être attendris sur notre malheureux sort : quelle pitié barbare nous arracha du séjour que nous habitions ? Nous n’y connaissions pas le bonheur, mais au moins l'habitude du malheur nous y rendait presque insensibles. La patrie nous a appelés dans son sein ; à sa voix nous sommes venus avec confiance ; pouvions-nous penser qu’elle repousserait ses enfants avec cette cruelle perfidie ? »

Tel est le langage que pourraient tenir ces malheureux si le projet de Cambon était adopté. Mais non, notre siècle ne sera pas souillé par cet excès d'inhumanité ; nous aurons les vertus des républiques généreuses et nous ne confondrons jamais l’économie politique avec la mesquinerie d’un économiste de comptoir. Je demande donc que l’on s'oppose par tous les moyens possibles à ce projet de décret, dont j'ai démontré l'impolitique et l'injustice.

GARNIER. — Il faut bien distinguer une société qui se récrée, en quelque sorte, avec ses propres décombres, d’une société neuve dans laquelle les . passions, les préjugés sociaux n’ont point changé les heureuses directions de la nature. Si la République française était une société naissante, je serais de l'avis de laisser à chacun le droit de payer les ministres de son culte ; mais la nation française, qui a cependant renoncé à bien des préjugés, en conserve cependant encore un grand. Le fanatisme a encore bien des victimes, les prêtres ont encore le règne