La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

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transforment tout à coup en une assemblée de philosophes. Mais croyez-vous que ceux qui payent les prêtres n’aiment pas mieux les payer que d'avoir à lutter contre une minorité qui veut des prêtres ?

Mais quel est le pouvoir du clergé ? Que peut-il sur moi, sur vous ? Sa mission se borne à consoler des vieilles femmes. Quel plaisir pourriez-vous frouver à irriter des fous ? Quelle philosophie y a-t-il donc là dedans ? Votre décret en retarde les progrès. Les prêtres, tranquilles sur les moyens de subsistance, voyant paraître le ojur de la raison, pouvaient se faire honneur de prêcher une sainte morale et d’être les organes de la vérité. Si les fanatiques se portent à des excès, faudra-t-il les détruire ? La philosophie qui prêche la tolérance va-t-elle se donner tous les torts de l’Inquisition ? Plaignons la superstition, elle passe avec les hommes caducs dont la tête en est encore imprégnée. J'aime mieux payer les prétres pour être tranquille, puisque mon aïieul ne peut pas s’en passer. Je ne suis pas partisan du clergé, dit constitutionnel, De tous les prêtres que j'ai connus je n’ai pu en aimer qu'un ; et ce prêtre, c’est Chabot. Si les apôtres du culte catholique se présentaient parmi nous pour la première fois, j'irais, armé de la philosophie, les repousser ou périr sur la brêche ; mais ils sont établis depuis deux mille ans, ils ont beaucoup de partisans.

On m'oppose que sans troubles, nous avons sup: primé la royauté. Si ces opérations mêmes n’eussent présenté d’autres avantages que celui de l’économie, la nation neût pas opposé une résistance si opiniâtre. Aujourd'hui vous mettez son intérêt en opposition avec la philosophie, il ne pourra plus vivre que de mensonges. Avec quelle ardeur il va propager l'erreur. Le projet du comité est donc nuisible aux progrès de la philosophie.