La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

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bouleversera la France par lapplication trop précipitée de principes philosophiques que je chéris, mais pour lesquels le peuple, et surtout celui des campagnes n'est pas mûr encore.

BIROTEAU. — Des curés, des prêtres se trouvaient et parlaient au milieu des attroupements…

TURREAU-LINIERES. — Les scélérats !

BIROTEAU. — Ils étaient les plus acharnés contre nous et portaient la parole au nom du peuple. Tous _les principes de la loi agraire ont été mis en avant : on disait que les bourgeois avaient assez joui ; que c'était le tour des pauvres travailleurs. Ils ajoutaient qu'ils voulaient leurs prêtres et leurs églises, qu'eux seuls feraient bientôt la loi!

MAURE, autre commissaire, confirme ce récit. PETION parle en faveur de la liberté du commerce et demande que le ministre de la guerre fasse passer le plus de forces possibles dans le département d'Eure-et-Loir.

DANTON. — … IL faut se méfier d’une. idée jetée dans cette assemblée. Il est trompé le peuple, vous devez l’éclairer ! I1 s’est rappelé la proposition de Cambon, que la perfidie, le fanatisme, la malveillance ont commentée avec soin, On a dit qu'il ne fallait pas que les prêtres fussent payés avec le Trésor public. On s’est appuyé sur des idées philosophiques qui me sont chères ; car je ne connais d'autre bien que celui de l'univers, d'autre culte que celui de la justice et de la tiberté ; mais l'homme maltraité de la fortune cherche des jouissances éventuelles ; quand il voit un homme riche se livrer à tous ses goûts, caresser tous ses désirs, tandis que ses besoins à lui sont restreints au plus étroit nécessaire, alors il croit que dans une autre vie ses jouissances se multiplieront en proportion