La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

232 POLITIQUE RELIGIEUSE DE LA RÉVOLUTION

tements de l'Orne, d’Eure et d'Eure-et-Loir, toutes ont juré de vivre libres ou mourir ; toutes ont la plus grande confiance dansla Convention. Toutes abjurent la royauté ; toutes veulent la République. Mais toutes aussi, par une suite de la liberté que vous leur avez promise, veulent être libres du choix de leur culte, ce culte est catholique, et tout ainsi qu’elles mourraient pour la liberté, elles mourraient pour le défendre. Citoyens, nous respectons toutes les croyances. Si quelques hordes s’avisaient de vouloir détruire le prêche des protestants et la synagogue du Juif, nous les défendrions parce que nous voulons que leurs opinions religieuses soient respectées, tout ainsi que les nôtres, car si nous sommes des fanatiques, c'en sont dans un autre genre, et dans ce sens, nous respecions, nous honorons un Dieu, de quelque manière qu’il soit adoré.

LE PRESIDENT. — Citoyens, la liberté n’est pas un mot vide de sens, et c’est surtout celleldes opinions religieuses qui est un des principes qui sera le plus inviolablement maintenu. Vous voulez la liberté, vous la voulez pour vous et pour les autres, rien ne peut plus vous honorer ; c’est par votre dévouement à la patrie, c’est par votre soumission aux lois, c’est par votre attachement à vos devoirs, que vous prouverez votre sincère amour pour la Liberté et que vous concourrez à l’affermir.

Citoyens, que tous les Français remplissent également ces devoirs, et rien ne troublera l'union et la fraternité qui doivent régner entre eux ; ils sentiront tous, quel culte qu'ils professent ; qu’ils se doivent également à la patrie ; qu'ils sont tous ses enfants et qu'ils doivent vivre en frères ; et on ne connaîtra plus d'autre fanatisme. que celui de l'amour de la patrie et de la Liberté.