La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

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clarant le panégyriste de l'ignorance, mêlant à un très petit nombre de vérités un très grand nombre d'erreurs, a cherché à en répandre de si grossières qu'il est impossible à tout citoyen impartial et tant soit peu sage de garder plus longtemps le silence, et de ne pas indiquer du moins les plus saillantes, en attendant que ce discours très peu politique, très peu philosophique, digne des siècles précédents, soit plus connu et qu'il puisse être réfuté dans toutes ses parties ; le second s'appuyant sur une fausse base, a énoncé ‘un faux résultat, déduit d’un plus faux calcul ; mais les erreurs avancées et le poison distillé par les opinants sont de nature à ne pas rester sans réponse et sans antidotes, à moins que la Convention nationale ne consente à rétrograder deux siècles et à nous faire redevenir barbares, Goths ou Vandales.

Je remarquerai d’abord que Durand-Maillane a osé répéter, après le 10 août 1793, des sophismes et des paradoxes du philosophe genévois, qui, après avoir dit que le besoin éleva les trônes, et que les sciences et les arts les ont affermis, ajoute que les sciences et les arts corrompent les mœurs ; je le demande à Durand-Maillane, député des Bouches-du-Rhône, en présence de l’image de Brutus et de celle de JeanJacques lui-même : Qu'est-ce donc qui arma les braves Marseillais, contre les rois et la royauté ? Sont-ce les préjugés et l'ignorance du XIVe siècle, ou la philosophie et les lumières de la fin du XVIIIe? Qu'est-ce donc que cette prétendue corruption de mœurs, tellement exagérée, qu’il faudrait penser suivant nos Aristarques à voir bientôt la vertu et la probité exilées de la terre de la liberté. Sans doule, sur cette terre heureuse il existe des hommes pervers et corrompus, comme dans toutes les associations civiles et politiques qui réunissent plusieurs millions d'individus ; mais comparons, je vous en conjure,