La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

DISCOURS DE JACOB DUPONT 239

les mœurs de certains peuples de l’Asie à cette époque, abrutis par l'ignorance et le despotisme, et les mœurs de la masse du peuple français, régénéré et éclairé depuis le milieu de ce siècle par une série de philosophes, dont à la vérité, on se plaît aujourd'hui à dire autant de mal que l’on en disait dans le conseil des rois. En faveur de quel peuple sera l'avantage ? Ne sortons point, je le veux encore, du cercle tracé de la France.

Eh quoi, ies mœurs de nos pères du XVe et du XVIe siècles étaient-elles moins corrompues que les nôtres ; je dis plus, pouvaient-elles être moins corrompues que les nôtres ? Les passions qui forment les habitudes des hommes, comme celles des peuples, ne sontelles pas les mêmes à des époques plus ou moins éloignées ? Et si ces passions sont évidemment les mêmes, si aux yeux des hommes réfléchis, et qui s’en dépouillent pour quelques instants pour juger les hommes et les peuples, il n’y a de différence que dans la direction et dans l'intensité que savent leur imprimer la nature, le principe et la forme des gouvernements, pourquoi veut-on que l'ignorance, qui se trouve alors d’un côté, soit meilleure pour l'espèce humaine, soit plus morale que la philosophie, la raison éclairée et perfectionnée qui se trouvent de l’autre côté ? Estce à l’époque où la masse entière de tout un peuple immense s’est soulevée pour que chaque individu reprenne son caractère et sa dignité d’homme ; estce à cette époque que l’on voudra nous faire entendre qu'il n’y a plus ni probité, ni vertu, ni grandeur d'âme ? Il est clair au contraire que le peuple, fût-il le plus corrompu de tous les peuples, ses mœurs doivent devenir plus pures nécessairement par la nature de la catastrophe que les progrès des lumières et de la raison ont amenée. Tout peuple plongé dans l'ignorance, où les sciences, les lettres et les arts ne