La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

328 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

l'Assemblée nationale à tout le moins. Et Marat n’est pas un homme obscur, un fédéré quelconque, c’est un journaliste populaire, un orateur écouté des Cordeliers, des Jacobins, c'est un député qui précisément doit sa nomination aux deux autres têtes dont il est ici question, c’est un député avec qui toute la députation de Paris se solidarise et que cette députation défend. Avant qu'il y eût des fédérés clabaudant au Palais Royal, il y a eu Marat, criant par ses affiches dans toutes les rues de Paris : «Il me faut les têtes des députés de la province ». — Peut-être bien que Marat est quelque peu responsable de l’incartade de ces fédérés. Barère prend la parole et, s'essayant au rôle d'arbitre, il dit : « D'un côté ce sont des fédérés qui demandent la tête de Marat; de l'autre, ce sont des agitateurs qui préparent des mouvements pour demain. Les uns et les autres ne méritent les regards de la loi que pour en être frappés; mais toutes ces agitations semblent naître du projet qui vous a été présenté relativement à la création d’une force armée. » Barère n’approuve pas cette idée « à la fois impolitique et impuissante ». Voilà pour les Girondins; voici pour leurs adversaires : « Il est un monstre qu'il faut enfin attaquer, qu'il faut abattre, c’est l'anarchie, dont la tête s'élève du sein de la Commune de Paris et dont les bras s'étendent sur toute la cité. Depuis quand cette Commune est-elle exempte de l’obéissance aux lois? » — La loi c’est le vote au scrutin secret; et les sections de Paris prétendent pratiquer le scrutin public; elles l'ont mème pratiqué. Elles ont désobéi à cette loi, pendant que les autres parties de la République l'observaient. Finalement Barère fait décréter par la Convention que l’adresse des fédérés et celle des sections seront imprimées et envoyées ensemble aux départements. Ainsi les départements ont pu apprendre, en cette occasion, comme en d’autres, de quel ton les sections de Paris parlaient à leurs représentants. Quoique la discussion eût été close officiellement, Legendre raconte ceci : « J'ai gémi de voir hier, je ne dis pas les