La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 339

Municipalité devait proclamer la loi martiale. » — Que ces personnes avaient donc raison! Proclamer la loi martiale c'était le droit exclusif (alors) de la Municipalité, donc son devoir; et c'était le vrai moyen. C'est pourquoi Robespierre proteste contre ce moyen par des arguments qui sonnent bien creux, ce me semble :

« Proclamer la loi martiale à l'approche de l’ennemi! La loi martiale après la journée du 10! La loi martiale pour les complices du roi détrôné, contre le peuple! » — Et pourquoi donc pas? Est-ce que la loi martiale aurait eu cet effet de rapprocher davantage l’ennemi? Est-ce qu'elle aurait annulé le 10 août? Et que savez-vous si les prisonniers étaient tous, ou même en majorité, les complices du roi (dans un complot qui, au reste, n'a jamais existé)?

Je cherche en vain dans ce discours quelque endroit où Robespierre se soit élevé contre les massacres. — Le peuple a tué ses ennemis «€ avec justice »; ces ennemis du peuple étaient des « coupables dignes de mort »! — Si le peuple y a mis un certain air de colère ou d’impatience (?) « c’est que les pouvoirs officiels, chargés de sa vindicte, la lui refusaient ou la lui faisaient trop attendre ». Les magistrats municipaux qui avaient charge d'arrêter l’effervescence populaire par la force ont eu raison de rejeter ce conseil de la loi martiale. En se bornant « à engager le peuple à suivre les formes nécessaires, dans le but de ne pas confondre, avec les coupables. des détenus étrangers à la conspiration du 10 août, les officiers municipaux ont rendu le seul service que Îles circonstances leur permettaient de rendre à l'humanité. »

Il paraît que, pour Robespierre, les formes nécessaires ont été suivies par les massacreurs. Robespierre n’est pas exigeant. «Et ce sont ces magistrats municipaux qui ont été représentés comme des brigands sanguinaires ! » — Atroce calomnie, qui mériterait à coup sûr une punition! Robespierre demandera plus tard la punition de cette calomnie.