La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

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tyrans.. Vous voilà donc convaincu d’avoir provoqué tous les citoyens à m'’assassiner. » — Il n’est nullement question, dans le rapport de Roland, de la tyrannie de Robespierre ni d’invocation à Brutus'.

— Je prévois qu'on me reprochera de discuter avec cette insistance les discours échangés entre adversaires à la Convention. C’est que, si les historiens ont, avec raison, cherché à définir le caractère passionnel, sentimental de ces hommes, s'ils ont cherché à pénétrer leurs idées, ils n’ont peut-être pas assez tenté de saisir leurs facultés mêmes, la mesure de logique, de critique, de raison que chacun d’eux possède en propre.

Louvet et Barbaroux voulaient répondre, l’Assemblée refusa de les entendre. Ils ne furent pas soutenus; aucun député girondin en dehors d’eux ne prit part à ce débat. Louvet avait manqué le point vulnérable de Robespierre. Robespierre n’avait pas visé à la dictature personnelle; on ne pouvait pas l’en convaincre. Il s'était mis au service d’une dictature collective, celle de la Commune (dont il espérait bien, d’ailleurs, être le conseiller et le guide). Dans cet office il s'était montré insolent à l’égard de l’autorité légitime et nécessaire! ‘et, chose plus grave, promoteur d’actes illégaux. Les faits étaient simples à énoncer; et ils étaient incontestables. « Président de sa section*, Robespierre l’a poussée à prendre une résolution en faveur du vote publie, qui est illégal ; il a fait prendre au Conseil de la Commune une délibération dans le même sens; il à fait pis, il a exercé son ascendant tout-puissant sur la réunion des électeurs du second degré, pour la porter à nommer les députés au vote public; on lui doit plus qu'à personne les élections de Paris, absolument viciées par ce vote, et qui auraient dû être annu-

1. Loin d'’insister sur la lettre de Dubail, Roland avait dit, en parlant ironiquement du projet dénoncé : « Je crois que ce projet, peu civique, mérite moins d’attention que l’état général de la capitale, ete, ».

2. Celle des piques (place Vendôme).