La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUKRRES DE LA VENDÉE 173

Les différents partis qui s'étaient levés presque à la fois, se réunirent bientôt et l'expédition du Boisgrolleau, la prise de Coron, signalèrent encore nos armes.

Jusques ici on ne sera pas étonné que nos gens, animés du courage qui doit conduire de vrais Royalistes(1", aient constamment battu des troupes peu nombreuses et peu aguerries ; mais les difficultés vont s’augmenter, nos ennemis vont se multiplier et nous n’aurons à leur opposer que des bâtons et des piques.

Nos généraux, persuadés que, tant qu'on se bornerait à attaquer des bourgs ou de petites villes, on végéterait sans faire de progrès et qu’on finirait par être écrasé, jugèrent avec raison qu'il fallait étonner l’ennemi par un coup hardi et se porter tout de suite au plus difficile.

Thouars, entourée de murs, défendue par une rivière, dont elle est séparée par une plaine d’un quart de lieue, nous parut le premier objetsur lequel devaient tomber nos coups : l'attaque en fut résolue.

8.000 hommes (2), presque tous Marseillais ou Bordelais, composaient la garnison de cette ville; les Bordelais défendirent le passage du pont (3) où ils firent la résistance la plus opiniâtre. Ce ne fut qu'après un combat de deux heures que nos gens pénétrèrent dans la plaine, où était rangé le reste de la garnison, qui fut bientôt forcé de rentrer dans la ville. L’investir et escalader les murs fut l’affaire d’un moment. Alors ce ne fut plus un combat, mais une affreuse boucherie. Dans toutes les rues, les Marseillais sont massacrés, et 8.000 hommes. échappés au

Sources, p. 4). Cest un fait nouveau, qui confirme la prépondérance que d'Elbée prit dès les débuts et l'influence qu'il conserva sur Cathelineau. — Ce qui est nouveau encore, c’est l'intervention de d’Elbée pour engager définitivement Bonchamps dans l'insurrection. La condition mise par d’Elbée à son acceptation prouve en quelle estime singulière il ayait Bonchamps et explique le concours mutuel qu’ils se prètèrent presque toujours. Solilhac écorche un peu les noms : Qualelino, de Beauchamp. Il ne faut pas oublier qu'il était étranger au pays, et que, pour écrire ces noms, il s’en rapportait surtout à son oreille.

(4) Solilhac ne dit jamais armée catholique, armée chrétienne. N'oublions pas : 4e que l’auteur est étranger à la vie traditionnelle du pays ; 2° qu'il écrit pour un gouvernement protestant.

(2) 5.000 au plus.

(3) Le pont de Vrines.