La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUKRRES DE LA VENDÉE 783

survint lui facilita les moyens de se rallier ; il revint à la charge ; notre aile droite était faible et l’armée fut repoussée jusqu'aux retranchemens. Nous essuyâämes un feu très vif toute la nuit. Le lendemain la victoire penchait encore de notre côté, lorsqu'un renfort de 10.000 hommes la décida en faveur des républicains : le nombre des morts fut extraordinairement considérable de part et d'autre.

Je fus du nombre des prisonniers qui montaient à 800 ; la retraite de l’armée se fit sur Alençon (1) : j'ignore quelle route “elle a prise depuis.

Réflexions sur la position de l'armée depuis le passage de la Loire

Depuis l’époque que nous avons été obligés d'abandonner notre malheureux païs, d’où nous avons été chassés par la garnison de Mayence (2) qui a été la cause de tous nos malheurs, l'armée s’est trouvée sans magasins, sans vivres, manquant continuellement de tout, traîinant à sa suite plus de 400 voitures, chargées de femmes, d’enfans, de vieillards, de blessés, qui faute de secours périssaient tous ; la dissenterie y a fait des ravages considérables ; la faim a plus tué de nos soldats que le fer, et l'armée n’ayant point de retraite (3) nos victoires pres-

(4) La masse des Vendéens s'était écoulée vers Laval dans la journée du 12. Les S00 prisonniers furent conduits à la fusillade; par un coup de vigueur et d'énergie, sept d’entr'eux s’échappèrent, dont était le chevalier de Solilhae.

(2) La Révolution a trouvé dans l’action militaire de ses armées un appoint qu’elle ne méritait pas, La discipline, la cohésion, l'esprit de corps de Mayence, la qualité de ses chefs, avaient triomphé-. du courage vendéen. Ces vertus. militaires faisaient peur à la Convention. Une campagne de désorganisation et de délation fut menée contre « la clique de Mayence » — Emicttée, dispersée, amalgamée dans les autres corps, l'armée de Mayence, depuis la réorganisation d'Angers, n'existait plus comme corps constitué. Ses généraux avaient été destitués, ceux qui restaient élaient des suspects; Kléber, Marieny, avaient leur fiche, et leur délateur était leur proore commandant d'armée, le sans-culotte Rossignol, qui demandait leur tète. Telle fut la récompense d’une persistance héroïne qui sauva la Révolution en Vendée.

(3) Par « retraite », il faut entendre la place d'armes que l’armée avait cherchée à Saint-Malo, à Granville, pour y déposer la cohue de femmes, d'enfants et