La question de l'Adriatique

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Le seul point sur lequel la diplomatie de l'Autriche et celle de l'Italie étaient d'accord, c'était la nécessité d'éliminer de cette zone réservée, de cette sorte de champ-clos, toute compétition extérieure. À vrai dire, seules la Grèce et la Serbie pouvaient élever à cet égard des réclamations légitimes, l’une parce qu'on lui arrachait, pour l’annexer à VAlbanie, une vaste région peuplée de Grecs, l’autre parce que V’'Albanie septentrionale était alors le seul débouché maritime qu'elle pût obtenir (1). Pour refouler et éteindre cette double revendication, l'Italie et l'Autriche associèrent leurs efforts. On se souvient avec quelle volonté inébranlable elles refusèrent à la Grèce la frontière ethnique qui lui était due, et à la Serbie le moyen d'expansion et de liberté commerciale qu'elle sollicitait. Cette histoire est celle de la Conférence de Londres. Ce n'est ni le lieu ni l'heure de la raconter.

Débarrassées de toute collaboratrice et de tout témoin, les deux puissances de l'Adriatique son-

(1) Avant la guerre balkanique de 1912, la Serbie et la Grèce, pour donner satisfaction à leurs intérêts communs, avaient conclu un arrangement aux termes duquel, après les succès escomptés, elles devaient avoir pour frontière commune en Albanie le cours du Skoumbi, ce qui laissait à la Serbie l'Albanie septentrionale et à la Grèce l’Albanie méridionale.