La question de l'Adriatique

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tôt s'engager. Sasseno, le petit ilot qui garde l'entrée du golfe de Vallona, appartenait à la Grèce depuis de longues années. Sans doute la Grèce avait négligé d'y installer une garnison: mais les textes diplomatiques n'en étaient pas moins formels (1). Néanmoins, l'Italie lesignorait ou feignit de les ignorer. Le 7 décembre 1912, le marquis di San Giuliano, ministre des Affaires Etrangères, déclarait à la tribune de la Chambre ilalienne que la Grèce n'avait aucun droit sur l’île de Sasseno et que ce rocher inhabité faisait partie intégrante du territoire de Vallona. Plus catégorique encore, M. Salandra déclarait, dans la même séance, que l'ile de Sasseno n'avait rien de commun avec les iles Iloniennes. L’ignorance des faits les plus incontestables étant une chose assez commune dans les milieux diplomatiques, personne ne protesta, pas même la puissance (2) qui avait cédé, en 1864, l'ile de Sasseno à la Grèce.

La Grèce, certaine de son bon droit, avait installé, quelques jours auparavant (derniers jours de novembre), un pelit contingent de trou-

(1) Sur tous ces incidents relatifs à l’ilot de Sasseno, voir notre article, La question de Sasseno, dans la Gazette de Lauzanne du 12 février 1914. — Sur Sasseno et les droits de la Grèce, voir le Messager d'Athènes du 7/20 février 1913.

(2) L’Angleterre.