La question de l'Adriatique

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pes dans l'ilot. La Tribuna avait protesté en termes assez vifs, ajoutant que l'Italie et l’Autriche étaient parfaitement d'accord pour ne pas plus tolérer la présence des Grecs à Vallona que celle des Serbes à Durazzo. Pourtant les droits de propriété de la Grèce étaient si clairs que d’autres journaux italiens eux-mêmes les _econnurent et que la Gazetta del Popolo, de Turin, s'étonna que la diplomatie italienne eût osé s'élever contre l'installation d'une garnison hellénique dans un ilot qui appartenait à la Grèce aussi légitimement qu Ithaque ou Cortou. Néanmoins le gouvernement grec se trouva en face d'une mise en demeure qui ne souffrait aucune explication, aucun atermoiement. Le 25 mai 1914, le ministre des Affaires Etrangères, M. Streit, demandait à la Chambre hellénique de voter la cession de Sasseno à l'Albanie, et la Chambre hellénique s’inclina devant le veto italien.

La Grèce avait consenti à cette cession en faveur d’un État autonome et neutre. Mais, derrière l’Albanie, c'était l'Italie qui tendait les mains pour recevoir le don qu'elle avait ellemême sollicité et exigé. Cinq mois à peme s'étaient écoulés depuis le vote de la Chambre grecque, quand, le 25 octobre 1914, profitant de