La question du sel pendant la Révolution

+ (EE eE

« Hier mardi, M. le comte de Ruillé ! fit un précis de votre affaire au bureau des finances, dont il est membre. Nous devons en voir plusieurs membres aujourd’hui avec lui.

« La circonstance des déplacements de l’Assemblée oppose de grands obstacles ‘aux désirs que nous aurions d’accélérer notre mission. Mais, Messieurs, nos députés nous engagent à temporiser pour tâcher de nous rendre l’Assemblée favorable, en nous donnant le temps de prévenir individuellement une quantité considérable de membres, et surtout ceux des provinces de grande gabelle. Les soins et les voyages des membres de l'Assemblée pour leur prochain transport à Paris s'oppose à toute facile communication ; mais aussitôt que nous aurons reçu une réponse de M. Necker, nous nous empressons d’avoir l'honneur de vous en faire part, ainsi que de tout ce qui pourra intéresser la province.

Nous sommes avec respect, Messieurs, Vos très humbles et obéissants serviteurs

DEHOULIÈRES, DELAUNAY l'aîné ».

Necker reçut-il les députés angevins ? Rien ne l'indique. Et ce qui confirmerait l'hypothèse d’un refus, c’est que Delaunay et Dehoulières ne demandent que le 23 octobre à être présentés à l'Assemblée, las, probablement d'attendre davantage une audience du ministre, dont ils ne prononçaient plus le nom dans leurs rapports ?.

Dès le lendemain, 24 octobre, les deux délégués furent introduits au sein de l’Assemblée, et c'est Delaunay aîné qui prit la parole, en assurant d’abord la Constituante de l’absolue obéissance de l’Anjou à ses décrets.

« Mais, Nosseigneurs, continua-t-il *, si l’Anjou à reçu avec la plus vive reconnaissance tous les décrets émanés de votre sagesse

! Jean-Guillaume de la Planche, comte de Ruillé, député de la Noblesse d'Angers. ‘

? En réfléchissant au prestige extraordinaire dont Necker jouissait encore en octobre 1789, l’opinion n’aura rien d'étonnant que les délégués n’aient pas cru opportun de relater à leurs commettants leur échec auprès de lui.

8 Archives parlementaires, t. 1x, p. 515. Cf. Courrier national, n° 48 et Journal des Etats Généraux, P. 1789, t. v, p. 181-184.