La Révolution française (1789-1815)
CT.)
royauté de droit divin, aussitôt que la minorité républicaine eut été anéantie par les luttes politiques, par la réaction et par la guerre, lèvent tous les doutes. Sur ce point, on peul le dire, la démonstration est faite.
« Des poignées d'hommes décidaient de tout; plus tard, quand cette tête fut détruite, il resta, comme par le passé, une nation étonnée de ce qu'elle avait fait, prête à renier ses guides.
« L'âme vivante de la Révolution était dans un petit nombre ; voilà pourquoi la nation s'en est si vite lassée. Elle suivait les audaces de quelques-uns, passive encore jusque dans ses plus fières révolles (1). »
Mais si les républicains étaient en minorité au 10 août el depuis, leur entreprise était donc illégitime ?
Nous répondrons toujours : la légitimité, en politique, ne résulte pas plus du nombre que de la naissance, dela souveraineté populaire que du droit divin des rois. Elle résulte de la conformité de la conduite de ceux qui gouvernent avec les lois naturelles des phénomènes sociaux, avec la force des choses ou l'ordre universel, avec l'exigence des situations.
Ce qui illusionnait ici la démocratie française, c'était la théorie révolutionnaire qui, en transportant la souveraineté du roi au peuple, douait imaginairement, ou en principe, le nouveau souverain des perfections idéales de l’ancien.
À ce point de vue, le peuple était non seulement la puissance souveraine, mais la souveraine intelligence, le souverain bien, la raison et la justice, la République ellemême. Seulement, en réalité, il restait ce que l'avait fait l'an-
1. Edgar Quinet, La Révolution.