La Révolution française (1789-1815)
SNS trouvait comme homme d'Etat. Là fut son mérite, là est sa gloire.
Mais en quoi consistait, d'une manière générale, cette politique dictatoriale à la facon de Louis XI et de Richelieu, qu'il reprit à son jour? À reconnaître la tendance des lois naturelles de la société, et à vouloir y conformer son époque ; à se servir des éléments existant, des institutions et des agents qu'il avait sous la main, pour satisfaire aux nécessités du moment et réaliser les progrès indispensables, par conséquent légitimes, en dépit de la légalité féodale et de la légalité révolutionnaire ; en un mot, à effectuer le bien public malgré les préjugés courants.
Saisissant d'une vue prompte et sûre, avec ce coup d'œil qui n'appartient qu'au génie, l'ensemble de l'état présent de la France et même de l'Occident, avec toutes ses exigences et tous ses intérêts, sous tous ses rapports essenels et dans toutes ses relations principales, Danton sentit profondément les conditions fondamentales de leur concours effectif. Il demanda donc et obtint que le Comité de Salut public fût érigé en gouvernement :
« …. Le vaisseau de la raison, dit-il, doit avoir son gouvernail, c’est la saine politique. Nous n'aurons de succès que lorsque la Convention, se rappelant que l'établissement du Comité de Salut public est une des conquêtes de la liberté, donnera à cette institution l'énergie et le développement dont elle peut être susceptible... Il faut donc, en attendant que la Constitution soit en activité, et pour qu'elle puisse l'être, que votre Comité de Salut public soit érigé en Gouvernement provisoire; que les ministres ne soient plus que les premiers agents de ce comité de Gouvernement, etc... (1) »
4. Moniteur, Convention nationale, séance du 1er août 1793.