La terreur à Paris

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laquelle ils aspiraient si ardemment. Quand résonnait la cloche de mort, ils se précipitaient des premiers, dans la cour et pendant que des femmes, que des enfants, que des vieillards, paralysés par l’effroi, se serraient étroitement les uns contre les autres, eux, fendaient la presse pour choisir leur place dans la sanglante charrette. La voix de cette cloche si rauque, si discordante, si effrayante pour d’autres, venait réjouir leurs oreilles et dilater leur cœur comme une harmonie divine. A ceux-là, les plaisants du lieu, les d'Armaillé, les de Pons, les Hauteville, avaient donné le surnom de Philancloches. Or, comme c'était un peu dans la louable intention de les soustraire, à leur insu, aux ennuis de la captivité, qu'on s'ingéniait ainsi à découvrir quelques sujets de récréation, on convint d'inaugurer la société sous le vocable original de Crue DES PHILANCLOCHES.

« À l'extrémité d'un vaste couloir qui précédait la série de cabanons habités par des pistoliers, s’ouvrait une haute chambre oblongue, à laquelle on avait donné le titre pompeux de salon, parce que, habituellement, les détenus de l’un et de l’autre sexe, en remontant dans leurs quartiers respectifs, sv rencontraient et s'arrêtaient un peu pour causer ensemble. Cette chambre délabrée avait deux portes : l’une, murée, quicommuniquait autrefois, au moyen d’un escalier, avec la sacristie de la chapelle, contiguë à cette fameuse chambre du conseil où l’on gardait la reine ; l’autre, par laquelle on circulait dans les corridors et les dortoirs des pistoliers.

« Lorsqu'on s’y réunissait et que le concierge, de meilleure humeur que de coutume, tolérait, pendant une ou deux heures, cette infraction aux règlements, on relevait