La terreur à Paris

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« Alors, sourires, prévenances, attentions gracieuses, consolations, fugitives espérances, tout s’évanouissait à ce cri de deuil, comme les feuilles diaphanes d’une rose sous un coup de vent d'orage. Le guichetier, qui apparaissait avec son chien et son trousseau de clés, achevait de détruire la ravissante illusion, et tous ces malheureux se séparaient dans un morne silence pour regagner leur cabanon désert, leur couche d’insomnie, leurs barreaux et leur misère!

« Et quelles âmes fortes pourtant, quand sonnait pour elles l'heure suprême ! On ne reconnaissait plus au jour de leur supplice les personnes pusillanimes et abattues sous leurs fers, tant elles se transformaient d'une manière rapide et incompréhensible. Que d'exemples d'énergie, de grandeur et de dévouement surhumains dans ces temps de crise où l’échafaud dressé sur quatre points différents de la ville, fauchait les têtes radieuses de tant de martyrs !

« M. de Loïserolles, vieillard de soixante-six ans, recut, étant à la Conciergerie, un acte d'accusation qui, par une de ces fatales erreurs, tant de fois reproduites à cette époque de vertige et de bouleversement, ne s’adressait pas à lui, mais bien à son fils. Il garda le silence et, obéissant à la voix du guichetier qui lui signifiait l’ordre de descendre au greffe, il marcha aussi vite que ses pauvres jambes énervées et chancelantes le lui permettaient, dissimulant la joie qu'il ressentait de sacrifier sa vie pour sauver celle de son enfant.

« Dans le préau, il rencontre son ami intime, le major Saint-Albin, il lui prend les mains et lui fait ses adieux.