La terreur à Paris
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LES JUGES ET LES MASSACREURS Ali
M. de Saint-Méard, prisonnier à l'Abbaye, échappé par miracle !, raconte ainsi ce qu'il a vu au tribunal révolutionnaire lors des massacres de Septembre? :
« Le dimanche 2 septembre, notre guichetier servit notre dîner plus tôt que de coutume ; son air effaré, ses yeux hagards nous firent présumer queque chose de sinistre. À deux heures, il rentra, nous l’entourâmes; il fut sourd à toutes nos questions, et après qu'il eut, contre son ordinaire, ramassé tous les couteaux que nous avions soin de placer dans nos serviettes, il fit sortir brusquement la garde-malade de l’officiersuisse Reding.
« Si ce guichetier n'eût pas été instruit de ce qui allait arriver, pourquoi ces précautions ? Un officier municipal avait auparavant pris le nom des prisonniers, et c'était au milieu de la nuit que cette liste avait élé faite.
« Les prisons entourées, quatre ou cinq de ces misérables, prenant le nom de juges du peuple, s'installent à côté du guichet et font comparaître les prisonniers devant eux.
« À la lueur de deux torches, j'apercois le terrible tribunal qui va me donner la vie ou la mort. Le président en habit gris, sabre à son côté, est appuyé debout contre une table sur laquelle on voit des papiers, une écritoire, des pipes et quelques bouteilles. Cette table est entourée par dix personnes assises où debout, dont deux sont en veste et en tablier; d’autres dorment étendus sur des
! Connaissant le patois provençal, il avait parlé dans ce langage à un de ses gardiens qui le prit sous sa protection et le fit acquitter devant le tribunal révolutionnaire.
© Relation des massacres de septembre.
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