La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

16 LA NATIONALISATION

sentera-t-elle pas ? Faite en masse, elle conduira à une perte certaine ; faite partiellement elle sera inefficace. En tout cas, les biens passeront entre les mains des capitalistes qui, habitués aux gros revenus, achèteront à bon marché et pressureront les cultivateurs.

Un autre orateur précisa davantage et prouva par des chiffres que l'opération des ventes nationales aurait le plus lamentable résultat. Il évaluait en effet à go millions le revenu des dîmes, dont la suppression avait été votée, et dont il demandait le rétablissement, à 70 celui des biens territoriaux, et à 20 le produit des revenus fixes des fabriques et autres, soit en tout un revenu total de 180 millions. Et avec cela il fallait pourvoir : au traitement du clergé, aux pensions de retraite, aux dotations, aux reconstructions d’églises, etc., dont le chiffre s’élevait selon lui àau moins 190 millions ; ce qui constituait un déficit annuel de 10 millions. Et encore, ajoutait-il, il faudra pourvoir à la subsistance des pauvres, dont les droits étaient rendus inaliénables par la munificence des fondateurs !.

Ce bilan n’était pas encourageant, et prouvait le danger pour l'Etat de songer à la confiscation des biens ecclésiastiques, et à leur vente. Mais on était alors trop excité contre les ministres de la religion pour entendre la voix de la raison.

1. Séance du 23 octobre 1789.