La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

DES BIENS ECCLÉSIASTIQUES 17

Mirabeau, qui jusqu'ici n’avait pris aucune part active aux débats, avait réservé ses efforts pour les dernières séances ; c’est en effet seulement le 30 octobre et le 2 novembre, c’est-à-dire à l’heure finale, qu’il développa ses moyens de discussion. Il reprit la question de propriété, qu’il traita longuement, en s'inspirant notamment de la théorie de Thouret; puis, après avoir fait étalage de la pureté de ses déductions, il déclara et répéta avec complaisance « que Putilité publique était la loi suprême et ne devait être balancée ni par un respect superstitieux pour Pintention des fondateurs qui, ignorants et bornés, ne pouvaient enchaîner à leur volonté capricieuse les générations à venir, ni par la crainte de blesser les droits prétendus de certains corps, comme si les corps particuliers avaient quelque droit vis-à-vis l'Etat ».

Bien qu’il se défendit de traiter autre chose que la question de principe, on le vit s’étendre longuement sur la question des faits, sur la situation ancienne et actuelle du clergé. C'était évidemment un moyen de créer une impression défavorable contre ce dernier, de nature à faciliter le succès de sa cause. IL montra combien étaient dangereux dans un Etat les grands corps politiques, comme le Clergé avec ses forces, ses richesses, son luxe, sa morale, son crédit et sa puissance, et il demanda si, le clergé n'étant pas propriétaire, la religion

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