La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

22 LA NATIONALISATION

multitude se faisait elle-même justice. Les r2 et 13 juillet Paris est livré au pillage ; la journée du 14 juillet, après la prise de la Bastille, et les journées qui suivirent sont ensanglantées par les meurtres de Flesselles, de Foulon et de Berthier. La sécurité n’existe pour personne, les autorités sont impuissantes à se faire respecter, au point que Bailly et Lafayette projettent de se retirer. C’est la Terreur qui commence.

Cette agitation si vive, si violente à Paris s’étend en même temps à la province. A Strasbourg, 5 ou 600 va-nu-pieds entrent à l'Hôtel-de-Ville, jettent au vent lesarchives publiques, envahissent les caves des particuliers. À Rouen, on demande la tête du premier Président, de l’Intendant du Procureur général, et du Procureur du Roi; on pille leurs hôtels. À Besançon, l’émeute, conduite par un montreur de bêtes féroces et des repris de justice, réclame la tête de l'Intendant, pille les cafés, et les couvents, force les prisons. Les soldats insultent leurs officiers. Dans les campagnes, les châteaux sont dévastés et incendiés !.

Ainsi de toutes parts, lémeute est maîtresse ; c'est la violence, le pillage, le meurtre; c’est le renouvellement de la Jacquerie. En présence de pareils faits, tout être qui se trouve ainsi menacé,

1. Taine, les Origines de la France contemporaine. La Révoludion, p. 39.