La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

LA NATIONALISATION DES BIENS DES ÉMIGRÉS 39

une mesure « qui renouvellerait pour l'Eglise cette époque où les pontifes de la religion, dévoués au ministère du martyre, étaient obligés de se cacher au fond de cavernes pour imposer les mains à leurs successeurs! ». En effet, la persécution commença sans retard, se révélant dans le décret même, puisque ce décret obligeaït les ecclésiastiques membres de l'Assemblée, à formuler leur serment à la tribune dans la huitaine, et par appel nominal.

Le serment demandé était, dans sa rédaction, indivisible, et ne permettait pas de distinguer entre la partie du décret relative au temporel et la partie relative au spirituel, lune susceptible d’être acceptée, et l’autre qui ne Pétait pas. Sur les 300 ecclésiastiques que comprenait l Assemblée, 1l y eut 71 jureurs et parmi eux Grégoire, Talleyrand, ete. ; les autres furent considéréscomme réfractaires. En France le nombre des réfractaires fut de 46 mille sur 70 mille prêtres. La foule des catholiques, pour les neuf dixièmes environ, refusa de reconnaître les prêtres assermentés et se groupa dans chaque paroisse autour des autres, seuls gardiens de la vraie religion. Avec les persécutions commencèrent les désordres et la guerre civile.

En mai 1792, sous le prétexte que les eeclésiastiques imsermentés cherchaient à renverser la cons-

1. Séance du 27 novembre 1790.