Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux

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quitté le Palais de l'Elysée, jà trois heures du matin, la veille 12 juin, pour se rendre à l’armée, dans les plaines du Hainaut, en Belgique.

1815. — Le 19 juin, lendemain du désastre de Waterloo, rentrant à Paris, accablé par sa défaite, Napoléon, la tête perdue, accusait Grouchy, accusait d’Erlon, ne savait à quel parti s'adresser. Carnot accourut : « Sire, dit-il, ne restez pas une heure ici. Repartez sur-le-champ. Allez vous remettre à la tête de votre armée. » — Je n'ai plus d'armée, répondit l'Empereur.

Carnot se rappelant les périls de 1793.et toujours indomptable, lui représenta que le corps de Grouchy était resté intact, que déjà une armée de 60,000 hommes se reformait à Laon. Il voulait déclarer la patrie en danger, appeler la nation entière aux armes. Mais le découragement était général, et des conseils moins énergiques prévalurent.

1815. — Le 21 juin, à dix heures du matin, Carnot annonce à la Chambre des Pairs la défaite de Waterloo: Il le fait dans les termes les plus patriotiques et les plus émus. Il revient ensuite à une heure de l'après-midi pour transmettre la déclaration de Napoléon au peuple français, proclamant son fils Empereur sous le nom de Napoléon Il. Il fait cette lecture d’une voix solennelle et brisée, en insistant sur la phrase finale : « Unissez-vous tous pour le Salut public et pour rester une nation indépendante. »

1815. — Le 22 juin, Carnot est nommé membre de la Commission du Gouvernement nouveau. Son frère CarnotFeulins le remplace au ministèré de l’intérieur.

1815. — Le 4 juillet, Napoléon ne veut pas quitter la France sans avoir pris conseil de Carnot sur son séjour. « Passez en Amérique, lui répliqua-t-il. De là vous ferez trembler encore vos ennemis ! »

« Monsieur Carnot, lui répondit Napoléon, je vous ai connu tré tard. »

Deux jours après, à la Malmaison, au moment de partir, la dernière parole du vaincu fut pour celui dont le loyal