Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux

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mot, nous n'avons rien délaissé Pour peindre un Carnot vivant, pour qu'on puisse sentir son cœur palpiter entre nos lignes.

Ampère, qui avait débuté par des recherches transcendantes, cherchait sans cesse à se rapprocher de la voie expérimentale, Ce n’est pas de sa bouche que sortirent jamais ces incroyables paroles attribuées à un ancien psychologiste : « Je te méprise comme un fait, » Il tenait le plus grand compte des faits, même dans ses études métaphysiques. Nous avons agi comme lui. Nous n'avons omis aucun détail physique ou moral capable de ressusciter la saillante figure de Carnot.

Rendons-nous d’abord en Bourgogne, dans la partie qui a fourni à la division administrative moderne les départements de Saône-et-Loire et de la Côte-d'Or. C'est à Épertully et à Nolay, petit village et petite ville, lointains berceaux de ses ancêtres, que s'écoula l'enfance de Carnot. Nous sommes là à l'extrémité méridionale de cette région fertile et à la conjonction de deux départements. Nous voyons s'étendre devant nos yeux une longue suite de vignobles célèbres dont chaque nom éclate aux oreilles comme une fanfare Joyeuse. Il suffit de citer : Meursault, Gevrey, Chambertin, Beaune, Nuits, Vougeot, Corgolan, Volnay, Pommard, Vosnes, Pernand, Chassagne, et bien d’autres! L'âme des sites semble passer souvent dans l'âme des hommes. Je crois que c'est Lamartine qui le premier a émis cet aphorisme dans son Æistoire des Girondins. I1 a raison. Les grands fanatismes sortent généralement des contrées ingrates et tristes : Mahomet des vallées brûlées de l'Arabie; Luther des montagnes froides de la basse Allemagne; Calvin des plaines inanimées dela Picardie :