Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux

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Au bas, sur les talus s'étendent des bosauets, Où des oiseaux sans nombre ont choisi leur asile : Dans les trous des rochers, logent des tiercelets ;

Dans le plus vaste, un aigle a pris son domicile,

En parcourant des yeux cet imposant circuit, Je reconnais un point où la roche est coupée : J'y découvre un sentier qui vers le haut conduit ;

J'y prends avec bonheur cette route escarpée,

En suivant les détours des chemins tortueux, Je parviens au sommet de ce roc formidable ; J'admire à chaque pas, de ce tissu pierreux

En couches de niveau, la structure admirable.

Sur l’agreste vallon que je viens de quitter, Je fixe mes regards ; j'en saisis l'étendue: Mélange irrégulier, où l’on voit contraster

Mille objets dispersés sous un seul point de vue

Mais sur le haut du mont, je rencontre un désert, De débris confondus les masses étalées : Par des blocs effrayants le terrain recouvert ;

Des noyaux inclinés des montagnes croulées.

J'arrive au plus haut point; tout à coup à mes yeux S'ouvre une immense plaine, un sol gras et fertile; Des champs bien cultivés, un peu industrieux ;

Des routes, des canaux, des fermes, une ville,

Ici sont des vergers, des vignes, des guérets ; Là de nombreux troupeaux, de riches pâturages ; Plus loïn c’est un château, des étangs, des bosquets,

D'agréables berceaux, de riants paysages,

Sur ma gauche, je vois au pied de ces coteaux Couler tranquillement un fleuve navigable: Il porte à l'océan, le tribut de ses eaux,

Enrichit la contrée, à tous est profitable,