Le Comité de salut public de la Convention nationale
CRÉATION DU COMITÉ T
peuvent exister côte à côte sans danger pour l’une d'elles. La crainte de la contagion des principes révolutionnaires poussa donc les souverains étrangers à faire la guerre à la France.
Ce n’est pas tout. On vivait à uneépoque de désarroi, entre l'effondrement de l’ancien régime et l’établissement complet du nouveau. Il fallait faire l'apprentissage de la liberté, car les mœurs politiques ne s’improvisent pas, et la suppression de la vie provinciale et municipale par l’ancien régime n’avait pas permis aux citoyens de faire leur éducation politique. Les études classiques y préparaient mal; les vagues et souvent peu exactes données historiques qu’elles fournissaient sur les républiques de la Grèce et de Rome ne pouvaient qu’induire à de dangereuses analogies. Puis l'ivresse de la victoire, une fausse notion de la liberté, confondue avec la licence, la haine d’un passé détesté, tout conduit aux excès et à l'anarchie. Les citoyens n’obéissent plus aux administrations ; celles-ci se détachent du pouvoir central, et forment de petits états indépendants qui légifèrent, perçoivent les impôts pour leur propre usage, lèvent des troupes. La Constitution civile du clergé vient ajouter à l'anarchie administrative un déplorable schisme religieux qui divise profondément le pays et alimente la révolte de la Vendée. Enfin, la rupture des relations commerciales, la cessation du travail, le discrédit des assignats, la rigueur des saisons, amènent la famine avec son cortège de souffrances, de soupçons, de cris de haine contre les accapareurs ; la question sociale se pose.
Donc, lutte terrible contre l'étranger, anarchie et guerre civile à l’intérieur: tel était le prix dont la France devait payer sa régénération. Pour faire face à cette