Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA GUERRE 231

et au Comité de salut public pour nourrir, équiper et armer ces masses d'hommes. Un décret du 9 février 1793 avait affecté aux frais de la guerre les biens des émigrés : ils servirent d'hypothèque à la création de 800 millions d’assignats nouveaux. Le décret du 23. août affectaittrente millions à la fabrication desarmes, et mettait en outre cinquante millions à la disposition du ministre. En réalité, un crédit illimité était ouvert pour sauver la République.

La nourriture des troupes était une grave préoccupation. Le manque de vivres avait fait échouer diverses tentatives et occasionné de nombreuses désertions. La révolte de la Vendée nous privait d’une partie de la viandenécessaire à la subsistance des armées. Le Comité chercha d’autres lieux d'achat, surtout en Suisse. Ilmit en réquisition « la 8° partie des cochons actuellement existants dans la République (1) ». fl avait même eu l'intention de faire décréter un carême civique d'un ou deux mois, mais il s’arrêta à l’idée d'inviter les républicains à la frugalité. Un décret du 15 novembre 1793 ordonna à chaque commune de livrer ses grains et autres denrées de première nécessité à toute réquisition faite pour les troupes. Le paiement des contributions put être fait en nature ; d'immenses greniers reçurent les grains des cultivateurs. On fit venir aussi du blé de l'étranger, de l'Amérique surtout.

Chaque commune avait habillé et équipé à la hâte son contingent aux frais de l'Etat; mais il fallait réparer et entretenir tous ces effets. Dès juillet-août 1793, les agents de l'administration des habillements et équipements militaires, accusés de dilapidation, avaient été

(1) Arrêté du 10 novembre 1793.