Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA GÜERRE 255

dieront un compte-rendu de leurs actes à la Convention, et chaque jour ils correspondront avec le Comité de salut public, à qui ils communiqueront leurs arrêtés et proclamations (1).

Le rôle des représentants en mission a été jugé avec beaucoup de sévérité. Nous croyons qu’on manque de justice à leur égard; mais, dans une question de ce genre, nous préférons laisser la parole à un soldat :

« Quel spectacle offraient alors nos armées? D'une part,des chefs improvisés et encore sans poids, ou violemment attachés aux sévères et jalouses habitudes de toute leur vie, pleins de regrets du passé, sans confiance dans l'avenir, éperdus enfin comme des pilotes surpris par la tempête dans des parages inconnus; de l’autre, des masses confuses, impatientes, qui venaient chaque jour, recrues de la veille, agiter dans nos camps les idées subversives d’une société dont tous les liens étaient rompus. Le moyen de coordonner de tels éléments ? de faire, du jour au lendemain, dans ces Camps où trônait l’anarchie, prédominer la voix de l’autorité, de la discipline ? La voix seule de la passion était à la hauteur du tumulte, et seule encore l’épreuve d’une longue année de revers pouvait démontrer l’impuissance de l'enthousiasme sans la discipline ; mais enfin, pour traverser ces premiers et inévitables moments de confusion, l’enthousiasme était, à défaut de la discipline, la seule langue que comprenait la foule ; et cette parole inconnue à nos hommes de guerre,

(1) Les représentants en mission portaient un costume à moitié civil et à moitié militaire : une écharpe en ceinture, un chapeau rond surmonté de plumes tricolores formant panache, un sabre nu pendu à un baudrier en cuir noir placé en sautoir par-dessus l’habit (Décrets des 4 et 5 avril 1793),